Le Centre d’Études Interdisciplinaires sur le Bouddhisme (CEIB) a vu le jour en 2017, né d’une collaboration entre l’Inalco, l’EPHE et le Collège de France, dans une conjoncture où l’enjeu des religions est reconnu à nouveau comme majeur pour saisir les bouleversements contemporains du monde. Le CEIB s’appuie sur l’expertise et le réseau constitués depuis des années par les collègues de ces trois grands établissements et d’autres institutions françaises, afin de mieux relever les défis scientifiques liés aux mutations religieuses et aux reconfigurations disciplinaires, tout en préservant et en promouvant l’héritage français de deux siècles d’études bouddhiques. Il vient en appui des diverses équipes de recherches françaises qui consacrent une partie de leurs recherches aux bouddhismes, et espère contribuer à renforcer leur collaboration.
Le projet de création du CEIB a été initié en juin 2015 par Catherine Despeux (Professeure émérite de l’Inalco), Jean-Noël Robert (Professeur au Collège de France), Anne Cheng (Professeure au Collège de France), Vincent Goossaert (Directeur d’études à l’EPHE), Sylvie Hureau (MCF à l’EPHE) et Ji Zhe (PU à l’Inalco et membre de l’IUF).
Aujourd’hui, le bureau est constitué de Bénédicte Brac de la Perrière (Directrice de recherche au CNRS), Vincent Eltschinger (directeur d’études à l’EPHE), Sylvie Hureau (MCF à l’EPHE), Ji Zhe (PU à l’Inalco), Nicolas Sihlé (Chargé de recherche au CNRS), et Yannick Bruneton (PU à l’Université de Paris et directeur d’étude à l’EPHE).
L’objectif fixé dès le début a été de rassembler des ressources et des experts afin de :
1) soutenir les étudiants et les jeunes chercheurs, tant au niveau scientifique qu’au niveau administratif et financier;
2) coordonner et financer des projets de recherche individuels ou collectifs;
3) promouvoir l’interdisciplinarité de la recherche;
4) renforcer les collaborations internationales et pérenniser un réseau international de chercheurs;
5) favoriser l’intégration entre l’enseignement et la recherche ainsi que la diffusion des connaissances auprès des chercheurs, des étudiants et du public sensibilisé aux travaux académiques et non confessionnels sur le bouddhisme.
Plusieurs activités animent ce centre d’études :
- Une conférence annuelle intitulée “Lin Li-kouang distinguished lecture for Buddhist studies”, véritable hommage à Lin Li-Kouang, linguiste et bouddhologue d’origine chinoise qui enseigna aux Langues O’ de 1933 à 1944.
- Une revue Bouddhisme et Chine moderne (佛教与现代中国, publiée en Chine) en partenariat avec l’Université du Peuple de Pékin
- Un appel à candidatures pour des bourses doctorales et postdoctorales.
La cérémonie d’inauguration du CEIB a eu lieu le 22 mars 2017, suivie de la première conférence « Lin Li-kouang distinguished lectures for Buddhist studies » donnée par Stephen F. Teiser (Université de Princeton). Dans la même semaine se sont également tenus trois autres conférences et un colloque international, organisés ou soutenus par le CEIB. D’autre part, la revue Bouddhisme et Chine moderne (佛教与现代中国), publiée en Chine en partenariat avec l’Université du Peuple de Pékin, a été lancée dans l’année; de même pour l’appel à candidatures pour les bourses doctorales et postdoctorales.
Ces premières démarches, celles qui ont été entreprises depuis, et celles qui le seront à l’avenir, devraient permettre au CEIB de se joindre aux dynamiques d’études bouddhiques à l’échelle mondiale. Depuis la fin du 20e siècle, l’intérêt universitaire pour le bouddhisme s’est considérablement accru. En Amérique du Nord comme en Europe, les centres de recherche consacrés à cette religion se sont multipliés : d’abord à Columbia (1988), puis à Stanford (1997), UCLA (2000), UC Berkeley (2004), Oxford (2004), Gent (2007) et Hambourg (en 2007) … sans parler des dizaines de centres créés dans les universités asiatiques, en Chine, au Japon et en Corée. Dans ce contexte, le CEIB, en tant que premier centre universitaire français entièrement consacré aux études bouddhiques, se propose de servir de moteur pour renforcer et valoriser la recherche française sur le bouddhisme, tout en favorisant une approche internationale et multidisciplinaire. L’entreprise est ambitieuse, mais elle ne peut se réaliser que par des efforts concrets et continus. Comme Changsha Jingcen, maître Chan chinois du 9e siècle, nous l’enseigne : même si l’on est « au bout de la perche de cent pieds », il faut toujours « faire un pas de plus ».